Orange Bowl 2023 : Hannah Klugman triomphe, Leena Friedman sacrée dans la division des 16 ans


Alors que le titre semblait promis à une américaine, l'Orange Bowl, tournoi Junior le plus prestigieux du monde, a été remporté par une européenne, Hannah Klugman, première britannique à inscrire son nom au palmarès à seulement quatorze ans. Une distinction qui couronne une saison en tout point remarquable pour cette londonienne appelée à un grand avenir. Dans la catégorie des seize ans et moins, l'américaine Leena Friedman a confirmé son potentiel en s'octroyant le titre.

Hannah Klugman, le couronnement. 

Et dire que l'année dernière, Hannah Klugman s'inclinait en finale de l'Orange Bowl dans la catégorie des quatorze ans et moins. La voici victorieuse ce mois-ci de l'épreuve dans la division des U18, que de chemin parcouru. Est-ce si surprenant ? Pas tant que cela à bien y regarder tant les résultats de la britannique cette saison laissaient présager d'un exploit encore plus grand. Les deux titres qu'elle avait obtenu en hiver et au printemps en J200, à Siauliai et à Aldershot, n'étaient juste qu'un aperçu avant qu'elle ne devienne la plus jeune joueuse à se qualifier pour un tournoi professionnel W100 en octobre dernier (elle allait parvenir en quarts de finales à Shrewsbury). De retour ensuite sur le circuit Juniors, elle faisait monter l'équipe de Grande-Bretagne sur la troisième marche du podium en Billie Jean King Cup, moins d'un mois avant de signer de sa main son chef-d'œuvre à Plantation, en Floride. Et quel chef-d'œuvre ! Elle fut, tout au long de cette semaine épique, un exemple de combativité et de résilience tant le chemin fut compliqué pour elle jusqu'à la finale. Malmenée dès le second tour par l'américaine Ariana Anazagasty-Pursoo qui lui prend le premier set, elle parvenait à inverser la situation au bout d'un combat très rude. Idem au tour suivant contre la russe Alisa Oktiabreva, joueuse pétrie de talent dont on reparlera. Mais, ce n'était là que le point de départ de journées encore plus fortes en émotion. En quarts de finales, contre toute attente, elle écartait la grande favorite Laura Samsonova, tête de série numéro une, au prix d'un effort colossal alors que la tchèque semblait avoir fait le plus difficile en lui infligeant une terrible correction (6-0) dans la deuxième manche. Klugman aurait pu sembler affectée par ce résultat mais, c'était finalement pour mieux la voir repartir au combat dans le set décisif qu'elle empochait au tie-break 7-2. Un nouvel exemple de son "fighting spirit" à la britannique allait prévaloir en demi-finales. Contre la redoutable américaine Iva Jovic, autre favorite du tournoi, la londonienne débutait de la pire des manières en perdant très nettement le premier set 6-1 puis, en étant rapidement menée 3-1 dans la manche suivante. L'on se disait alors que Jovic, en promenade de santé depuis le début du tournoi, allait aisément expédier son adversaire en deux petits sets, sauf que cette dernière allait se rebiffer pour conclure l'affaire 1-6 6-4 6-3. Renversant ! Klugman ne pouvait pas terminer la semaine sur un échec en finale après tant d'efforts. Elle allait donc être récompensée contre Tyra Grant, tête de série n°6 et autre remarquable joueuse américaine cette année, face à laquelle l'anglaise de quatorze ans trouvait une qualité de jeu exceptionnelle qui lui permettait de dompter son adversaire 6-3 6-3. Hannah Klugman enregistrait ainsi la plus belle victoire de sa jeune carrière sur le circuit Juniors et s'apprêtait pour la première fois à faire son entrée dans le top 10. La native de Wimbledon ne pouvait rêver meilleure fin de saison. 

Des surprises et des déceptions.

Inscrites en grand nombre, les américaines ont d'abord soufflé le chaud puis, le froid. Les surprises sont ainsi venues de deux joueuses titulaires d'une invitation, Alexis Nguyen et Akasha Urhobo. La première est néanmoins loin d'être d'une inconnue. Déjà lauréate de l'épreuve en 2022 chez les U16, Nguyen a tracé sa route jusqu'en quarts de finales après avoir notamment accompli un exploit phénoménal au deuxième tour en sortant l'une des grandes favorites, la tchèque Alena Kovackova, tête de série n°3. C'est sa compatriote Tyra Grant qui allait la ramener sur terre de façon sévère (défaite 6-1 6-1 en quarts). La performance d'Urhobo était en revanche plus surprenante. Très peu présente sur le circuit Juniors cette année, qu'elle avait clairement délaissé pour aller jouer des tournois professionnels de l'USTA, avec des résultats peu convaincants, il faut le dire, elle allait à l'Orange Bowl dans l'inconnu après une défaite au deuxième tour à Bradenton, précédée d'une sortie précoce à l'US Open Juniors. Et pourtant, la joueuse de seize ans allait jouer de façon totalement décomplexée, en signant notamment deux matches de référence : le premier contre sa compatriote Victoria Osuigwe, au troisième tour, qu'elle bat difficilement 7-6(9) 5-7 7-5, le second contre Kaitlin Quevedo, pourtant citée parmi les favorites, qu'elle surprend 6-4 7-6(1). Parvenue dans le dernier carré, elle allait réussir à prendre un set à Tyra Grant avant qu'elle ne soit renversée par cette dernière. Cependant, et globalement, les américaines, malgré les forces en présence, ont déçu dans ce tournoi alors que des joueuses comme Iva Jovic, Kaitlin Quevedo ou Tyra Grant avaient une occasion en or massif de s'octroyer le prestigieux tournoi. L'éclipse qu'elles ont connu tour à tour montre bien que rien n'est acquis à l'avance. La preuve, c'est la troisième année consécutive que l'Orange Bowl échappe à une américaine. Au rayon des déceptions, les bulgares furent moins tranchantes que dans les tournois précédents. Leurs trois représentantes principales, Rositsa Dencheva, Iva Ivanova et Elizara Yaneva, n'ont pu trouvé la clef en se faisant sortir sans ménagement en huitièmes de finales alors qu'il existait une probabilité pour qu'au moins une ou deux d'entre elles se frayent un chemin jusqu'en quarts de finales, pourquoi pas dans le dernier carré. La belge Jeline Vandromme nous a aussi laissé sur notre fin. Certes, elle s'est hissée jusqu'en quarts de finales en étant issue des qualifications. C'est beau mais, la championne d'Europe 2023 des U16, remarquable contre Ivanova au troisième tour, a eu de la peine à exister contre Jovic en quarts de finales (défaite 6-3 6-1). Ne soyons pas déçus pour autant. Après cette année de l'avènement, Vandomme pourrait entrer dans une nouvelle dimension l'année prochaine. Enfin, parmi les têtes de série et favorites, on notera deux immenses déceptions : la sortie de piste de la tchèque Alena Kovackova (on l'évoquait plus haut), dont on attendait mieux après sa demi-finale à Mérida (J500) et son quart de finales à Bradenton (J300), mais surtout, celle de Wakana Sonobe, surprise dès le premier tour par la suédoise Nellie Taraba Wallberg, alors que la nippone venait de triompher au tournoi Eddie Herr. Manque de fraîcheur ? Cela restera en tout cas une vraie contre-performance pour Sonobe.

Leena Friedman s'affirme

Dans la division des seize ans, Leena Friedman a honoré son statut de favorite. Tête de série n°2, la jeune américaine, qui a la particularité de jouer avec des genouillères, n'a pas laissé grand chose à ses adversaires, achevant son œuvre par une victoire renversante 1-6 6-4 6-1 contre sa compatriote Thea Frodin, joueuse très prometteuse, au cours de la seule rencontre où elle aura concédé un set. Ce résultat confirme la montée en puissance de Friedman cette saison, elle que le public français a vu s'imposer l'hiver dernier au Pont des Générations, à Avignon. Le succès qu'elle vient d'obtenir à l'Orange Bowl, le plus beau pour elle à ce jour, devrait assez rapidement la propulser vers des objectifs plus ambitieux en 2024. 

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