Tenues vestimentaires : joueuses et équipementiers s'organisent face aux ténors de l'industrie


L'équation est simple : plus une joueuse accumule les bonnes performances sur le circuit, en terme de résultats, de classement, d'entrées directes dans les tableaux principaux, plus les dites performances sont lucratives pour le sponsor vestimentaire qu'elle représente. Cela veut dire, à contrario, que si les résultats viennent à baisser, les ressources financières du sponsor en pâtissent tôt ou tard. Cela, tout le monde le sait, rien de nouveau sous les tropiques. Il y a peu de temps, un représentant d'une célèbre entreprise de sport (celle dont le logo forme une virgule) a jeté un pavé dans la mare en affirmant publiquement qu'une joueuse classée au-delà du top 20 ne rapportait pas un dollar à son sponsor. Bien qu'il y ait un certain fond de vérité dans cette phrase, on peut reprocher à celui qui l'a prononcé une maladresse qui conduirait à penser que l'entreprise en question (on parle quand même ici d'un leader incontesté et historique de l'industrie sportive) considérerait les joueuses et les joueurs qui la représentent comme de vulgaires produits de consommation tout juste bons à faire de l'argent et à jeter quand ils ne leur sont plus d'utilité. Quoi qu'il en soit, la phrase est mal passée auprès de certaines et certains, si bien que l'opportunité de se tourner vers de nouveaux horizons s'est présentée. Chez les joueuses de la WTA qui étaient depuis longtemps attachées au géant américain, les solutions de repli se sont traduites par des départs qui ont provoqué un exode vers d'autres équipementiers certes moins huppés que ne peuvent l'être le leader historique ou son alter ego européen aux trois bandes. 

C'est ici que nous assistons à l'émergence d'un phénomène intéressant : les partenariats dans le tennis en tant qu'ambassadrice d'une marque. Il s'agit d'une sorte de contrat d'exclusivité qui permet à une joueuse d'apporter sa collaboration et son expertise dans le design des tenues vestimentaires. Certes, la chose n'est pas nouvelle en soi. Ainsi, l'année dernière, l'américaine Coco Gauff avait obtenu carte blanche auprès de son équipementier vestimentaire pour concevoir de A à Z des baskets de sa propre signature. Mais, ce qui change (et c'est là peut-être le début d'une nouvelle vision dans les rapports que les joueuses entretiennent avec leurs sponsors), c'est le fait que ces équipementiers vers lesquels elles se sont tournées, et qui disposent de ressources financières que l'on ne peut comparer aux recettes astronomiques engrangées par les poids lourds du marché, soient parvenus à un accord qui octroie aux joueuses le droit d'intervenir directement dans la conception des vêtements de tennis. L'ukrainienne Marta Kostyuk, soixantième joueuse mondiale et qui est parvenue récemment à se hisser au troisième tour de l'Open d'Australie, est un exemple parlant de cette nouvelle tendance. En signant un partenariat exclusif avec l'équipementier Wilson, qui s'est lancé il y a environ un an dans la conception de vêtements de tennis, elle s'est vue le droit d'aider les designers à l'élaboration de nouvelles tenues, de la tête aux pieds. Quant à la croate Donna Vekic, toujours en course à l'Open d'Australie au moment où cet article est rédigé, son partenariat avec l'équipementier californien Uomo Sport lui a permis de créer sa propre ligne, Donna Sport. Ce ne sont là que quelques exemples parmi d'autres et qui vous sont récapitulés ci-dessous.

Ces initiatives soulèvent forcément des sujets passionnants. Au moment où les deux grands ténors américains et européens de l'industrie présentent à l'Open d'Australie des collections fortement critiquées, sommes-nous en train d'assister à une mutation qui pourrait éventuellement se généraliser dans les mois et les années qui viennent en devenant la nouvelle alternative à des grosses compagnies en perte d'identité ? L'avenir nous le dira.

Petra Martic/J.Lindeberg :


En devenant ambassadrice de l'équipementier suédois, la croate a obtenu le droit de s'investir pleinement dans la confection de vêtements de sport. Elle était avant passée par Nike et Lotto.

Sofia Kenin/Free People Movement :


Si l'américaine peine à remonter la pente depuis sa victoire à l'Open d'Australie en 2020, elle a pu repartir sur de nouvelles base vestimentaires en s'associant à la société d'inspiration bohème fondée en 1984 par le chef d'entreprise Dick Hayne.

Sloane Stephens/Free People Movement :


Fini les années de fidélité à la célèbre firme fondée dans l'Oregon en 1971. Sloane Stephens s'est elle aussi alliée à Free People en apportant sa petite touche personnelle pour la robe. Les noces ont été officialisées au début du mois.

Leylah Fernandez/Lululemon


Auparavant chez Asics, la canadienne a finalement tourné le dos au Japon pour rejoindre la mère patrie en s'associant avec la jeune et ambitieuse compagnie Lululemon Athletica. Elle a du coup commencé à étrenner ses nouvelles tenues dès le début de la tournée australe.

Marta Kostyuk/Wilson :


Voici désormais l'ukrainienne équipée de la tête aux pieds par la célèbre industrie de Chicago aux plus de cent ans d'âge, dans des tenues vestimentaires qu'elle a elle-même imaginé pour la marque. Double casquette joueuse et créatrice pour la jeune femme de vingt ans.

Donna Vekic/Uomo Sport/Donna Sport :


La croate est en train d'accomplir sa métamorphose en femme d'affaires en s'investissant dans sa propre marque de fabrique grâce à un partenariat signé avec le californien Uomo Sport. Stratégiquement bien joué et initiative que d'autres pourraient suivre dans un futur proche.

Ajla Tomljanovic/Original Penguin :


Cela fait plusieurs mois que l'australienne a troqué le swoosh pour un logo peu ordinaire en forme de pingouin qui représente la compagnie basée à New-York. Elle avait fait sensation à Wimbledon l'année dernière dans une sublime tenue blanche au style rétro. La bleue, ci-dessus, l'est tout autant.

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